Ce 6 février 2014 constitue la 11e Journée mondiale de lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF). L’occasion de revenir sur les combats menés contre cette pratique ancestrale, qui détruit les vies de nombreuses femmes dans le monde.
Selon l’OMS, dans le monde, entre 120 et 140 millions de femmes et de filles ont été victimes de mutilations sexuelles. Et, chaque année, l’excision meurtrit encore 3 millions de filles supplémentaires à travers le monde. Bien qu’une baisse de la pratique de l’excision ait été constatée, l’excision demeure un problème de santé publique et une violation massive des droits des femmes et des filles.
Les mutilations sexuelles féminines sont l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes féminins. Elles sont pratiquées sous différentes formes allant de l’ablation du clitoris à l’infibulation (suture des organes génitaux externes ne laissant qu’un faible espace pour le passage des urines et des menstrues).. « La Chaine du coeur »
Ces coutumes furent propres, depuis des temps immémoriaux, à l’Afrique Nord orientale, les pharaons y avaient recours. Les MSF étaient justifiées pour des raisons esthétiques et morales, suivant des croyances, modèles maternels, mythe et légendes.
« Une femme comme moi qui a subi l’excision connaît l’impact des traumatismes sur le corps et l’esprit tout au long de la vie », témoigne Madina Bocoum Daff, chef de projet contre l’excision au sein de l’ONG PLAN au Mali, pays dans lequel environ 85% des femmes entre 15 et 45 ans sont excisées.
Les MGF causent des préjudices sur la santé des victimes, pouvant aller jusqu’à la mort. Ils sont aussi une violation des droits des femmes. L’ONG PLAN cherche donc à combattre ces pratiques, d’une part en créant des activités qui permettent aux jeunes filles mutilées de se libérer, mais aussi en créant des discussions visant à aborder la question de l’excision pour que ces femmes puissent s’en affranchir.
L’ONG PLAN est déjà parvenue à obtenir des déclarations d’abandon de l’excision dans 44 villages maliens, mais aussi à mettre en application de nouvelles lois interdisant cette pratique en Guinée-Bissau.
De son côté, l’association Equilibres & Populations et son partenaire malien l’AMSOPT (Association malienne pour le suivi et l’orientation des pratiques traditionnelles néfastes) mettent en œuvre depuis 2006 le projet « Protéger la Prochaine Génération » qui a pour but de faire du district sanitaire de Kayes une zone pilote dans la promotion de l’abandon des mutilations sexuelles féminines.
A ce jour, le projet est développé dans 100 villages de la zone dont 80 ont déclaré leur intention d’abandonner la pratique de l’excision.
L’Europe n’est pas en reste : de nombreuses jeunes filles vivant en France risquent de subir une excision chez elles ou dans leur pays d’origine.
On estime que 53000 femmes résidant en France seraient excisées (INED/Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2004).
En Ile de France, Equilibres & Populations intervient auprès de la diaspora malienne en partenariat avec l’association Entraide et Espoir.
L’excision ne connaît pas les frontières et les migrants et migrantes ont un rôle clef à jouer pour promouvoir un abandon durable et pérenne des mutilations sexuelles féminines dans leur pays d’origine. « La dimension transfrontalière du projet, en associant les membres de la diaspora malienne, est une des spécificités du projet. Les migrants sont des soutiens et des relais incontournables de la démarche d’abandon. Cela a eu un impact fort sur les changements de comportements dans les villages », commente Aurélie Hamelin-Desrumaux, coordinatrice du projet « Protéger la Prochaine Génération ».
Lancé en février 2013, Excision, parlons-en ! est un rassemblement inédit d’actrices et d’acteurs de la société civile (associations, ONG, institutions nationales et internationales, auteur-e-s, journalistes…) francophones souhaitant mutualiser leurs efforts et leurs ressources pour intensifier la mobilisation en faveur de l’abandon de l’excision/ MSF (Mutilations sexuelles féminines) tant à l’international qu’en France.
Notamment en mettant à leur disposition des outils d’analyse et de plaidoyer, des expertises, des témoignages et reportages de méthodes mises en œuvre et avérées efficientes à travers le monde.
En marge des nombreux colloques, le samedi 8 février à Paris à la Mairie du 20 ème à Paris, Trois associations militants pour le droit des femmes (Espoir et combats des femmes, Gams, Osez Le Féminisme) se réunissent pour la journée internationale de lutte contre les mutilations génitales féminines, autour du documentaire Noires douleurs de Lorène Debaisieux
Informations Pratiques :
Lieu : Mairie du 20ème, 6 place Gambetta 75020 Paris
Tarif : entrée libre